Mon retour d'expérience : Plongée en résidence d’écriture

Plongée en résidence d’écriture : mon retour d'expérience (mai 2025)

Bonjour à toutes et à tous, ici Doodleuse !

Le soleil se couche tard, les fleurs sortent de leurs manteaux d'hiver. Bref, c'est enfin le printemps ! Pour beaucoup d’artistes, mai-juin rime avec candidatures, résidences, appels à projets… C’est le moment de jeter les bases de l’année à venir.

Ce mois-ci, je prépare plusieurs projets dont La peau des symboles, mon tout premier roman graphique. Avant de me lancer pleinement sur sa création à la rentrée, j’ai ressenti le besoin de reprendre mon scénario à la racine.

Mais écrire seule, ce n’est pas toujours simple… Alors j’ai tenté un nouveau pari : la résidence d’écriture.

Rencontre fortuite, déclic immédiat

Tout a commencé à Angoulême. J’y ai rencontré Raphaëlle, autrice, qui a accroché avec mon projet. En la suivant ensuite sur les réseaux, j’ai découvert qu’elle organisait des résidences d’écriture avec son association "Prose-café résidence".

Le concept ? Des écrivains, illustrateurs ou scénaristes se réunisent dans un lieu partagé, pendant quelques jours, pour avancer sur leurs textes. Une bulle hors du temps.

C’est comme ça que je me suis retrouvée dans les Hauts-de-France, entourée d’artistes passionné·e·s… à écrire ces lignes pour vous partager mon expérience.

Une résidence d’écriture : est-ce que c’est fait pour vous ?

Avant de vous raconter mon expérience, quelques vérités utiles :

👉 Avoir un projet, c’est essentiel

Pas besoin d’avoir déjà écrit un roman, mais il faut avoir envie ou besoin d'écrire. Que ce soit une thèse, une nouvelle, des articles ou même un scénario, le seul point commun de tous les participants, c'est l'écriture !

👉 Être prêt·e à la vie collective

Il est vrai que si vous n'êtes pas à l'aise avec le concept de "coliving", ce format n'est peut-être pas fait pour vous. Mais il existe d'autres options ! Vous pouvez vous inscrire à des sessions d'écriture collective sans forcément rejoindre une résidence. Vérifiez bien que la résidence à laquelle vous vous inscrivez n'implique pas un lieu de vie commun ! Cependant, j'avais un peu peur de cet aspect et tout s'est très bien déroulé ! Tout le monde était adorable et je me suis sentie à l'aise dans le groupe.

👉 Cela peut être abordable

J’ai déboursé 90€ pour une semaine (transport, repas, adhésion). Le logement était gratuit même si la plupart du temps, les résidences proposent de louer des Airbnb. En collectif, cela revient de toute façon toujours moins cher.

👉 Pas besoin d’être publié·e

Les résidences associatives sont souvent ouvertes à toutes et tous. Il suffit d’être motivé·e et rapide à l’inscription.

Ce que j’ai vraiment appris en quatre jours

L'avancée de mes projets

Vue d'une promenade proche de la résidence

Je suis arrivée avec un objectif clair : réécrire mon scénario. J’avais déjà un storyboard, mais je savais qu’il fallait aller plus loin.

Dès la première session, j’ai été portée par l’énergie du groupe et son cadre idéal, en pleine nature. Ambiance bienveillante, planning cadré (6 heures d’écriture par jour + vie commune), et surtout un cadre de travail inspirant.

Je visais une écriture de cinq scènes par jour, mais très vite, j’ai compris que je devais revoir la structure globale de mon texte avant de le réécrire. Grâce à des échanges avec d’autres auteurs et à quelques recherches, j’ai découvert la méthode du séquencier en bande dessinée. Une version condensée et résumée de chaque scène, organisé en actes. Au lieu de tout réécrire dans le détail, je me suis donc attelée à l'écriture de ce dernier !

🎯 Résultat : un document de 10 pages, une architecture solide, et une vraie direction pour mon récit.

Ne plus créer dans sa bulle : la puissance des retours

Grande révélation de la résidence : l’écriture à plusieurs, ça change tout.

La majorité des auteurs présents avaient des bêta-lecteurs. Ce n’était pas mon habitude, mais ça m’a donné envie de m’y mettre sérieusement.

Je l’avais déjà expérimenté avec Julie Aïech, amie et traductrice brillante, sur mon artbook Plus tard, je serai Grande. Grâce à elle, mon travail a gagné en clarté et en exigence. J'ai également déjà relu des auteurs pendant le Covid, (coucou à ceux qui liront cet article) et cela m'avait énormément aidé à avoir du recul sur mes propres écrits. Certains auteurs confirmés affirment qu'analyser d'autres oeuvres que les nôtres serait une activité clé pour enrichir notre pratique, souvent apprise en autodidacte.

Pendant la résidence, l’es échanges se sont faits naturellement : j’ai accepté de réaliser des bêta-lectures, on m’en a proposé en retour. J'ai compris que ce genre d’échange peut à la fois enrichir le texte… et l’autrice.

J'ai eu un coup de coeur en particulier pour l'un des projets de AY Gebleux , notre hôtesse que je vais avoir la chance de beta-lire. Elle a écrit un super roman sur l'univers du poker, si jamais ça vous intéresse :p .

Couverture du dernier livre publié par notre hôtesse

Créer ensemble, pour se sentir à sa place

Dernier effet (puissant) de la résidence : je me suis sentie appartenir à un collectif.

Créer, c’est avancer sans garantie. Personne ne vous attend. Il faut croire que ce qu’on fait finira par toucher quelqu’un, quelque part.

Mais entre les doutes, la pression sociale ("ce n’est pas un vrai métier"), et l’absence de cadre classique, on peut se sentir à la marge. Beaucoup de personnes considèrent encore que l'art est inutile. Et lorsqu'on ne gagne pas encore d'argent avec, c'est encore pire. Cette vision très capitaliste et utilitariste de la pratique artistique ne convient pas à la plupart d'entre nous.

C’est là que la résidence prend tout son sens. Comme un festival, un salon, ou une lecture partagée, elle rappelle une chose fondamentale :
On n’est pas seul·e. Et ce qu’on fait a du sens. Un rappel essentiel qui fait du bien au moral.

Et vous ? Prêt·e à sauter le pas ?

Je repars de cette première résidence d'écriture reboostée, alignée avec mes valeurs, et impatiente d’écrire la suite !

Si vous hésitez à participer à une résidence d’écriture, voici mon conseil :
Osez.
Pas besoin d’être publié·e. Pas besoin d’avoir tout écrit.
Il suffit d’avoir un projet… et l’envie de le faire grandir avec d’autres.

À bientôt, et belle création à vous ✨
— Doodleuse